Camp de base

Présentation

 

Livre (nouvelles, essais, pensées, poèmes),

livre d’engagement (point d’ancrage),

de résistance (tentative) à toute complaisance

et formes de mort.

Réflexion sur la nature possible de l’être

à constituer, et perspectives.

Appel à l’autre, vain.

 

 

Début

Le petit chas est mort

 

        Derrière la porte 

    Comme une porte peut s’inscrire dans la chair de l’âme d’un enfant au point de modifier le devenir de cet enfant qui restera l’enfant que cette porte aura figé dans son esprit d’enfant dans lequel cette porte n’aurait pas dû s’ouvrir.

            En deçà de cette porte il y a une femme qui crie dans les pleurs, ce n’est pas son habitude, / il s’est avéré qu’elle garde tout généralement dans un mutisme tendre, embrasse comme contentement ses enfants de tout l’amour restant dans son cœur.

            Son enfant, le plus petit alors, qui ce soir-là la rejoint dans le couloir sans grande lumière, / à l’envers des choses répond, sur un fil, à l’appel de sa mère.

            Sans force au bout du couloir qu’il a fallu franchir comme une forêt, le voilà alors dans les cris les secousses de la porte, / bien trop petit en taille dans les genoux en catastrophe anguleuse, là où il y a cette femme maintenant sans regard (le grand corps de maman ne se penche pas), perdue dans les ébranlements de la porte, les vibrations presque du sol de bois (on dirait que le loup est là) ;

            alors s’enchaînant soudain tout semble s’en aller, glisser, avec le peu de lumière :

            l’escalier qui descend devant la porte des bureaux (est-ce que les dames dorment dedans ?) ; puis, par le garage, la cour des enfants, tous les petits animaux domestiques dans les communs ; / un escalier qui remonte de la cour dans le jardin en paliers, trois beaux jardins, avec tous les chemins des histoires très longues dans l’herbe parfois des après-midi toutes entières au soleil ; /

            tout ceci se dérobe avec la voix de son père derrière la porte, qui ravaude comme le loup de sa patte enfarinée l’amour qui vient de fermer au verrou sa plus grande porte.

            Dorénavant il n’y aura plus que le dehors et le dedans, la porte entre, en précipice sur le trou, le trou de l’univers :

            les jardins et l’absence du père (une forme de l’absence), dehors /

            dedans,

            la lumière qui s’éteint,

            le chagrin de ma mère qui l’éloigne étrangement,

            quelque frère qui dort à l’autre bout du couloir ;

cette putain de porte en grand comme un mur, le pont-levis fermé de mon cœur.

 

 

Autre extrait

 

« Le roman, c’est toujours des histoires qui se racontent, un tissu de mensonge, une amplification, faite des bouts de fil de vérité / une transformation des choses, une amplification de la voix (au-dessus ou en dessous : embellissement ou noircissement). Une voix déformée parce que tenue suivant une ligne trop longue. Or l’être est émission discontinue (impulsions poétiques), séparées par de longs intermèdes de non-existence insupportables (Artaud). Poésie donc comme forme la plus pure de littérature / n’occulte pas le vide le laisse ouvert. Houellebecq, lui, (dans sa poésie), restitue la substance aussi du vide, à quoi bon ! en attendant peut-être d’avoir autre chose à se mettre sous la dent; au moins donne-t-il ainsi une idée de la nature des moments sans poésie, du verbe mort de matière morte ; / mais les poètes sont plutôt en recherche de ce qui existe et l’attrapent (le poète est toute attente). Ils ne veulent pas donner corps davantage au néant, qui les mine (lorsque nous serons morts nous parlerons de vie), pour lequel, le connaissant trop, ils n’ont aucune fascination. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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